L’erreur en classe de FLE, une opportunité pour avancer

Autorka: dr Karolina Wawrzonek

L’erreur est un élément indispensable de chaque cours de langue. Pourtant, les enseignants aussi bien que les apprenants font tout pour l’éviter. Et pourquoi ne pas percevoir l’erreur comme l’opportunité qui nous permettrait d’améliorer les compétences langagières de nos élèves ? Selon Cuq et Gruca, il n’existe pas un apprentissage dépourvu d’erreurs, car un apprenant qui ne commet pas d’erreurs est celui qui sait déjà (2005). Comment faire alors pour profiter des erreurs tellement présentes à tout moment de l’apprentissage ?

Pour pouvoir répondre aux questions posées ci-dessus, il faut d’abord définir le contexte de l’apprentissage qui sera pour nous celui de la classe du Français Langue Etrangère enseigné aux élèves polonophones. Ceci est très important, car le type d’erreurs commises par les apprenants varie souvent en fonction des différences entre leur langue maternelle et la langue étudiée.

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Sur le site Langues et Grammaires du Monde dans l’Espace Francophone nous pouvons trouver des documents présentant certaines caractéristiques externes des langues choisies, leurs propriétés phonologiques et grammaticales importantes qui différent le plus de celles de la langue française, donc les éléments les plus susceptibles à une erreur.

Selon les auteurs de la fiche concernant le polonais, les différences phonologiques entre cette langue  et le français pouvant rendre difficile l’apprentissage du dernier sont, entre autres:

  • Richesse des consonnes en polonais (le polonais en possède 38 alors que le français en a seulement 17)
  • Richesse vocalique du français, surtout les voyelles arrondies [y] p.ex. : pu, du, [ø] p.ex. : peu, feu et [œ] p.ex. : cœur, sœur
  • De nombreuses liaisons
  • Lettres finales qui ne se prononcent pas.

 

En ce qui concerne les différences grammaticales, on énumère surtout :

  • Manque de certains déterminants en polonais (les articles définis et indéfinis)
  • Place de l’adjectif épithète
  • Omission du pronom sujet en polonais
  • Verbes à l’aspect perfectif et imperfectif (czasowniki dokonane i niedokonane) en polonais et les temps en français
  • Modes et les temps qui n’existent pas en polonais comme le subjonctif.
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Pour pouvoir répondre aux questions posées ci-dessus, il faut d’abord définir le contexte de l’apprentissage qui sera pour nous celui de la classe du Français Langue Etrangère enseigné aux élèves polonophones. Ceci est très important, car le type d’erreurs commises par les apprenants varie souvent en fonction des différences entre leur langue maternelle et la langue étudiée.<\/font><\/p>","url":null,"json_content":null},{"id":272,"parent_id":87,"content_type":"ComponentDisplayClosedMarkerComponent","ref_id":"63f324b2f247fe00199a881d","title":null,"content":null,"url":null,"json_content":null},{"id":273,"parent_id":87,"content_type":"ComponentDisplayParagraph","ref_id":"63f324b2f247fe00199a881e","title":null,"content":"

Sur le site Langues et Grammaires du Monde dans l’Espace Francophone <\/i>nous pouvons trouver des documents présentant certaines caractéristiques externes des langues choisies, leurs propriétés phonologiques et grammaticales importantes qui différent le plus de celles de la langue française, donc les éléments les plus susceptibles à une erreur.<\/font><\/p>\n

Selon les auteurs de la fiche concernant le polonais, les différences phonologiques entre cette langue  et le français pouvant rendre difficile l’apprentissage du dernier sont, entre autres:<\/font><\/p>\n

    \n
  • Richesse des consonnes en polonais (le polonais en possède 38 alors que le français en a seulement 17)<\/font><\/li>\n
  • Richesse vocalique du français, surtout les voyelles arrondies [y] p.ex. : pu, du, [ø] p.ex. : peu, feu et [œ] p.ex. : cœur, sœur<\/font><\/li>\n
  • De nombreuses liaisons<\/font><\/li>\n
  • Lettres finales qui ne se prononcent pas.<\/font><\/li>\n<\/ul>\n

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    En ce qui concerne les différences grammaticales, on énumère surtout :<\/font><\/p>\n

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    • Manque de certains déterminants en polonais (les articles définis et indéfinis)<\/font><\/li>\n
    • Place de l’adjectif épithète<\/font><\/li>\n
    • Omission du pronom sujet en polonais<\/font><\/li>\n
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      Cela n’éliminera pas toutes les erreurs dans les productions des apprenants, mais diminuera sans doute leur nombre.<\/font><\/p>\n

      Et que faire des erreurs qui resteront ? Dorota Padzik, dans son article conçu pour le site Les Zexperts FLE, <\/i>affirme qu’il n’est pas indispensable de signaler à l’apprenant  ses erreurs, car cela peut le décourager et mener à la frustration. Si l’enseignant décide que l’erreur doit être révélée, il a plusieurs façons de le faire. Si l’erreur apparaît lors d’un exercice oral, le professeur peut la signaler en utilisant un geste. Ce geste peut montrer la nature de l’erreur, p.ex. : la liaison ou l’accent. Pour ne pas déranger l’apprenant dans sa production, l’enseignant peut noter les erreurs au tableau et y revenir le temps des présentations fini. A ce moment, il peut inciter les apprenants à corriger leurs erreurs, à noter les formes correctes dans leurs cahiers. Après avoir répété cette activité plusieurs fois, nous pouvons demander aux élèves de se servir des notes prises au cours de ces corrections et de préparer ensemble des affiches à poster en classe qui répertorieront les erreurs les plus fréquentes. Ainsi pendant les futures productions orales des apprenants il suffira de montrer du doigt la liste affiche et l’apprenant sera capable de s’autocorriger.<\/font><\/p>\n

       <\/p>\n

      Pour ce qui est de la production écrite, les erreurs restent sur papier alors leur collecte semble plus facile. Mais qu’en faire ensuite ? Dorota Padzik propose la co-correction qui consiste à partager le travail de correcteur entre l’enseignant et les apprenants. Le premier vérifie les copies et souligne les erreurs qui s’y trouvent (il ne faut pas utiliser pour cela un stylo rouge, car cette couleur baisse le moral de nos élèves). Par la suite, il distribue les textes aux apprenants qui travaillent par deux et essaient de corriger à leur tour les parties soulignées.<\/font><\/p>\n

      Pour privilégier une réflexion approfondie sur la nature des erreurs Padzik suggère d’inviter les apprenants à concevoir des tableaux dans lesquels ils pourraient répertorier leurs erreurs en ajoutant à côté de chaque erreur l’explication pourquoi on l’avait commise. Les enseignants devraient s’y attendre à des réponses comme : « je n’ai pas fait attention » ou « je ne connais pas la règle ».<\/font><\/p>\n

       <\/p>\n

      Pendant toute cette correction des erreurs, il ne faut pas oublier la motivation des apprenants qui peut se détériorer si l’enseignant exagère et  passe trop de temps à discuter des erreurs.<\/font><\/p>\n

      Dans son article „Podej\u015bcie do b\u0142\u0119dów w nauce j\u0119zyków obcych – perspektywa ucznia”, Ewa Pó\u0142torak présente des opinions d’étudiants concernant les erreurs. Les témoignages cités prouvent que certains apprenants ne font pas du tout attention à la correction linguistique de leurs productions pendant que les autres sont incapables de produire une seule phrase sans s’assurer de sa correction (Pó\u0142torak, 2019). C’est donc le rôle de l’enseignant de bien équilibrer la présence de la correction des erreurs en fonction de besoins de ses apprenants. Dans l’approche cognitive, l’erreur est un indicateur des processus intellectuels en cours et un générateur de progrès. Cette approche s’oppose au modèle français valorisant «  ceux et celles qui suivent les règles et les consignes et laissent peu de place à l’erreur » et rime avec le modèle américain, qui « prône ce que l’on nomme la culture de l’échec », selon laquelle « les erreurs sont sources d’apprentissages, d’expériences, et contribuent à faire avancer ».<\/font><\/p>","url":null,"json_content":null},{"id":276,"parent_id":87,"content_type":"ComponentDisplayParagraph","ref_id":"63f32772f247fe00199a8858","title":null,"content":"

      Bibliographie :<\/u><\/b><\/font><\/p>\n

      1. Cuq, J.-P., Gruca, I., (2005), Cours de didactique du français langue étrangère et  seconde, Grenoble, PUG.<\/font><\/p>\n

      2. Pó\u0142torak, E., (2019), Podej\u015bcie do b\u0142\u0119du w nauce j\u0119zyków obcych – perspektywa ucznia.<\/i> ”Neofilolog” Nr 53\/2 (2019), s. 263-280.<\/font><\/p>\n

       <\/p>\n

      Sitographie :<\/u><\/b><\/font><\/p>\n

        \n
      1. <\/a>Comment utiliser l’erreur pour apprendre ? - Les Zexperts FLE<\/a> consulté le 16.02. 2023 à 19h53<\/font><\/li>\n
      2. Fiches-langues | Langues et Grammaires du Monde dans l'Espace Francophone (cnrs.fr)<\/a> consulté le 16.02. 2023 à 19h44<\/font><\/li>\n
      3. Les erreurs fréquentes que font les apprenants de français – Regard sur le français (regardsurlefrancais.com)<\/a> consulté le 16.02. 2023 à 19h52<\/font><\/li>\n<\/ol>","url":null,"json_content":null}]

Cela n’éliminera pas toutes les erreurs dans les productions des apprenants, mais diminuera sans doute leur nombre.

Et que faire des erreurs qui resteront ? Dorota Padzik, dans son article conçu pour le site Les Zexperts FLE, affirme qu’il n’est pas indispensable de signaler à l’apprenant  ses erreurs, car cela peut le décourager et mener à la frustration. Si l’enseignant décide que l’erreur doit être révélée, il a plusieurs façons de le faire. Si l’erreur apparaît lors d’un exercice oral, le professeur peut la signaler en utilisant un geste. Ce geste peut montrer la nature de l’erreur, p.ex. : la liaison ou l’accent. Pour ne pas déranger l’apprenant dans sa production, l’enseignant peut noter les erreurs au tableau et y revenir le temps des présentations fini. A ce moment, il peut inciter les apprenants à corriger leurs erreurs, à noter les formes correctes dans leurs cahiers. Après avoir répété cette activité plusieurs fois, nous pouvons demander aux élèves de se servir des notes prises au cours de ces corrections et de préparer ensemble des affiches à poster en classe qui répertorieront les erreurs les plus fréquentes. Ainsi pendant les futures productions orales des apprenants il suffira de montrer du doigt la liste affiche et l’apprenant sera capable de s’autocorriger.

 

Pour ce qui est de la production écrite, les erreurs restent sur papier alors leur collecte semble plus facile. Mais qu’en faire ensuite ? Dorota Padzik propose la co-correction qui consiste à partager le travail de correcteur entre l’enseignant et les apprenants. Le premier vérifie les copies et souligne les erreurs qui s’y trouvent (il ne faut pas utiliser pour cela un stylo rouge, car cette couleur baisse le moral de nos élèves). Par la suite, il distribue les textes aux apprenants qui travaillent par deux et essaient de corriger à leur tour les parties soulignées.

Pour privilégier une réflexion approfondie sur la nature des erreurs Padzik suggère d’inviter les apprenants à concevoir des tableaux dans lesquels ils pourraient répertorier leurs erreurs en ajoutant à côté de chaque erreur l’explication pourquoi on l’avait commise. Les enseignants devraient s’y attendre à des réponses comme : « je n’ai pas fait attention » ou « je ne connais pas la règle ».

 

Pendant toute cette correction des erreurs, il ne faut pas oublier la motivation des apprenants qui peut se détériorer si l’enseignant exagère et  passe trop de temps à discuter des erreurs.

Dans son article „Podejście do błędów w nauce języków obcych – perspektywa ucznia”, Ewa Półtorak présente des opinions d’étudiants concernant les erreurs. Les témoignages cités prouvent que certains apprenants ne font pas du tout attention à la correction linguistique de leurs productions pendant que les autres sont incapables de produire une seule phrase sans s’assurer de sa correction (Półtorak, 2019). C’est donc le rôle de l’enseignant de bien équilibrer la présence de la correction des erreurs en fonction de besoins de ses apprenants. Dans l’approche cognitive, l’erreur est un indicateur des processus intellectuels en cours et un générateur de progrès. Cette approche s’oppose au modèle français valorisant «  ceux et celles qui suivent les règles et les consignes et laissent peu de place à l’erreur » et rime avec le modèle américain, qui « prône ce que l’on nomme la culture de l’échec », selon laquelle « les erreurs sont sources d’apprentissages, d’expériences, et contribuent à faire avancer ».